Le Chef national de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Perry Bellegarde, a dévoilé mercredi une liste des priorités sur lesquelles il souhaiterait que le prochain parti au pouvoir se penche après sa victoire aux élections du 19 octobre.
Le Chef Bellegarde a affirmé que le prochain gouvernement fédéral devait « éliminer l’écart » entre les Premières Nations et le reste du Canada.
« Les priorités des Premières Nations sont celles du Canada », a déclaré M. Bellegarde, lors d’une conférence de presse à Ottawa.
Le Chef national a admis qu’il n’avait pas voté lors des précédentes élections fédérales et qu’il n’était pas certain de le faire au cours de la prochaine. M. Bellegarde a expliqué que les Aînés lui avaient déconseillé de voter aux élections fédérales étant donné qu’à titre de peuples visés par des traités, les Premières Nations ont une relation directe avec la Couronne, peu importe le parti détenant les rênes du pouvoir.
Cependant, M. Bellegarde a souligné que les peuples des Premières Nations devraient voter pour influencer les résultats des élections et forcer le prochain gouvernement fédéral à agir pour régler les problèmes de longue date auxquels sont confrontées les Premières Nations.
Le Chef Bellegarde a fait connaître six thèmes prioritaires de l’APN, notamment le renforcement des familles et des collectivités des Premières Nations, l’obtention d’un financement équitable, la défense de leurs droits, l’environnement, la protection des langues autochtones et la mise en application des recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation.
« Quand cet écart sera comblé, le Canada en ressortira gagnant », a réitéré M. Bellegarde.
M. Bellegarde a poursuivi en disant que l’APN aimerait que le prochain gouvernement fédéral s’engage dans les 100 premiers jours de sa prise de pouvoir à mettre en place un processus visant à améliorer l’éducation dans les réserves en augmentant le financement et en accordant aux collectivités le contrôle de leurs écoles.
Le prochain gouvernement fédéral devrait également instaurer une enquête nationale sur le nombre élevé de femmes et de jeunes filles autochtones disparues et assassinées dans ce même délai.
L’APN souhaite également que le prochain gouvernement fédéral supprime le plafonnement à 2 % du financement des Premières Nations imposé par les libéraux fédéraux dans les années 1990. M. Bellegarde a déclaré que ce plafonnement devrait être remplacé par une « nouvelle relation fiscale ». Cette dernière devrait inclure de nouvelles ententes de transfert
fiscales, la création d’un processus multipartite pour créer une structure de partage des revenus tirés des ressources et un financement rétabli pour les organisations politiques des Premières Nations, selon l’APN.
M. Bellegarde a fait savoir que l’APN souhaite que la Loi antiterroriste, le projet de loi C-51, soit abrogée avec les changements portant sur les règlements environnementaux contenus dans les projets de loi C-38 et C-45 du gouvernement Harper, qui ont provoqué le mouvement Idle No More.
M. Bellegarde a affirmé que l’APN veut aider à créer un comité mixte composé de l’APN et du cabinet pour gérer et surveiller les relations entre la Couronne et les Premières Nations.
L’APN désire également un financement accru pour préserver et promouvoir les langues autochtones et faire en sorte qu’elles deviennent une priorité.
M. Bellegarde a mentionné qu’il n’avait pas de chiffres en tête, mais a soutenu qu’il faudrait des milliards de dollars pour faire en sorte que les collectivités des Premières Nations soient mises sur le même plan que celles du reste du Canada pour ce qui est des nécessités de base comme le logement et l’accès à l’eau potable.
La situation dans laquelle se trouvent bon nombre des collectivités et des peuples des Premières Nations est dramatique. Les citoyens des Premières Nations ont une espérance de vie de cinq à sept ans de moins que celle de la moyenne canadienne. Le taux de mortalité infantile est 1,5 fois plus élevé que celui de la moyenne nationale et la moitié des enfants des Premières Nations vivent dans la pauvreté. Il y a actuellement 40 000 enfants autochtones confiés à l’État et le taux de suicide des jeunes est de cinq à sept fois plus élevé que celui de la moyenne nationale.
M. Bellegarde a fait savoir que le chef du NPD, Thomas Mulcair, l’a appelé ce matin avant l’annonce et que le NPD s’est déjà engagé à ouvrir une enquête nationale sur les femmes et les jeunes filles autochtones assassinées et disparues.
Le chef libéral, Justin Trudeau, a écrit sur Twitter qu’il soutenait la demande du Chef Bellegarde de « combler le fossé ». M. Trudeau s’est engagé à investir 2,6 milliards de dollars d’argent neuf sur quatre ans pour financer l’éducation de base.
Le Parti conservateur a publié une déclaration stipulant qu’il croit « qu’une participation accrue des Autochtones dans l’économie est le moyen le plus efficace d’améliorer le bien-être et la qualité de vie des peuples autochtones au Canada ».
Selon les conservateurs, leur gouvernement a augmenté le financement de l’éducation de 25 %, construit 41 écoles et investi de l’argent dans 500 projets scolaires en plus d’avoir collaboré à la rénovation de 22 000 résidences existantes. Ils expliquent également qu’ils ont
adopté la Loi sur la transparence financière des Premières Nations, qui est contestée par 200 Premières Nations.
Dans cette déclaration, il est écrit que « le NDP et les libéraux favorisent des dépenses irresponsables plutôt qu’une responsabilité concrète et financière ».
Le gouvernement Harper a déjà rejeté les demandes pour une enquête publique et la mise en application des recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation. Le gouvernement Harper a également refusé d’accroître le financement pour l’éducation des Premières Nations parce que les Chefs ont rejeté la proposition de la Loi sur le contrôle par les Premières Nations de leurs systèmes d’éducation.