La route jusqu’à Ottawa s’annonce difficile pour l’ex-présidente de l’AFAC

Nouvelles nationales de l’APTN
Michèle Audette aura eu l’occasion de se présenter deux fois sous la bannière libérale au cours des présentes élections. Elle le fera dans la circonscription de Terrebonne, en banlieue de Montréal. Ses rivaux sont le bloquiste Michel Boudrias, le conservateur Michel Surprenant et la députée NPD sortante Charmaine Borg, qui n’avait que 20 ans lorsque la vague orange néo-démocrate a déferlé sur le Québec en 2011.

Mme Audette est née dans la communauté innue de Mani-Utenam, près de Sept-Îles, au Québec. Elle n’était cependant pas considérée comme une Indienne de plein droit, sa mère s’étant mariée avec un non autochtone. Ce n’est qu’en 2010 qu’elle a obtenu le statut d’Indienne. Selon une biographie (en anglais), c’est cette injustice qui l’a poussée vers l’activisme. Âgée d’à peine 16 ans, Mme Audette s’est impliquée comme bénévole au Centre d’amitié autochtone de Montréal pour défendre la cause des femmes des Premières Nations du Canada. Michèle Audette n’est certainement pas une étrangère pour le public du réseau APTN. Les auditoires d’APTN National News et de Nation to Nation ont pu se familiariser avec elle alors qu’elle était présidente à la fois de l’Association des femmes autochtones du Québec et de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC). 

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Mme Audette est bien connue pour sa défense de longue date de la cause des femmes autochtones assassinées et disparues. Dans le cadre du programme Sœurs par l’esprit–et son successeur, De la preuve à l’action, l’AFAC a commencé à dénombrer le nombre de cas de femmes disparues et assassinées au Canada. Mme Audette s’est démenée auprès de la GRC pour amener cette dernière à reconnaître les chiffres compilés et auprès du gouvernement conservateur pour faire financer leurs efforts. Cette lutte est racontée en détail dans ce long article de Ken Jackson, d’APTN National News. C’est le refus de Stephen Harper de tenir une enquête nationale sur les femmes assassinées et disparues qui a convaincu Mme Audette de se lancer sur la scène politique fédérale. « Je me plaignais », a‑t-elle confié au Globe and Mail il y a plus d’un an. « Alors, je me suis dit, pourquoi ne pas me faire entendre à l’intérieur du système? »

Sa première tentative fut dans la circonscription de Manicouagan, où se trouve sa communauté natale. Toutefois, à l’assemblée de mise en candidature en mars, elle a perdu lors d’un vote très serré remporté par Mario Tremblay. Cela aurait pu donner lieu à une course captivante puisque le candidat néo-démocrate sortant là-bas est Jonathan‑Genest‑Jourdain, également innu. Après avoir perdu de justesse, elle avait à l’époque dit à APTN que la météo défavorable et les bulletins de vote postaux perdus ou retardés avaient joué en sa défaveur.

En mai, elle a laissé entendre au Soleil qu’elle envisageait un retour en politique et qu’elle avait reçu l’offre de briguer les suffrages ailleurs au Québec. Par conséquent, ce ne fut pas une grande surprise quand le Parti libéral a annoncé le mois dernier la candidature de Michèle Audette à Terrebonne. Bien qu’il s’agisse d’une nouvelle circonscription, Terrebonne est constitué d’autres territoires qui, jusqu’à la vague orange néo-démocrate de 2011, élisaient régulièrement des députés bloquistes. Michèle Audette correspond à la définition d’une candidate parachutée, et bien qu’elle souhaite représenter les citoyens de la banlieue de Montréal, elle a avoué à Ici Radio-Canada que Manicouagan reste dans son cœur. Elle devra surmonter le fait qu’elle vient de l’extérieur et tirer parti de la grande jeunesse de Mme Borg si elle veut avoir une chance de livrer personnellement son message sur les femmes assassinées et disparues à Ottawa.

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